Beyond Creative Cities II
Au-delà des villes créatives : Dynamiques culturelles, scènes et fabrique urbaine PROGRAMME : 22 et 23 juin 2023, Angers Les premières rencontres Beyond Creative Cities (BCC) ont été l’occasion en 2021 d’analyser les formes, les vertus et les limites des fabriques urbaines fondées sur le concept de la ville créative, véhicule privilégié du modèle métropolitain. Qu’en avons-nous retenu ? L’attention portée aux questions d’attractivité, d’image de marque et de regroupement d’activités créatives a dans une certaine mesure éclipsé la complexité des liens entre la capacité créative des individus, le développement urbain et la production des innovations. Elle a par ailleurs minimisé l’enjeu de ces transformations face aux “grandes transitions” aujourd’hui à l’œuvre. C’est pourquoi, les deuxième rencontres BCC proposent de se recentrer sur la complexité des encastrements qui s’opèrent entre les activités créatives et culturelles, et les dynamiques territoriales. Elles interrogent également le rôle que peuvent avoir ces activités dans la transformation du modèle de la ville créative vers une fabrique urbaine en résonance avec les enjeux écologiques, sociaux et économiques que soulèvent la remise en question des processus de métropolisation. Ces rencontres seront également l’occasion de tester la pertinence du concept de “scène” pour analyser et mieux saisir les interactions qui s’établissent entre présence artistique et transformation urbaine à partir des travaux réalisés dans le cadre du programme de recherche SCAENA financé par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR, France). Quatre orientations sont explorées par les communications soumises : Au-delà des effets d’agglomération, les “effets de débordements” ?Toute activité située influence son territoire et est influencée par lui. Ceci est particulièrement vrai pour les activités culturelles et artistiques dont les effets de débordement sont singuliers. L’on doit notamment à la géographie économique d’avoir éclairer les rapports complexes qui s’établissent entre l’ancrage des activités et la capacité d’innovation d’un territoire donné. Suivant cette perspective, le territoire s’apparente souvent à une simple plateforme, dotée d’aménités spécifiques qui la rende plus ou moins innovante, attractive ou résiliente, produisant ainsi une lecture réductrice des écosystèmes territoriaux. Cette simplification, pour efficace qu’elle soit, se révèle particulièrement problématique lorsque l’on s’intéresse plus spécifiquement aux activités culturelles et artistiques. Si les figures désormais classiques du district culturel, du cluster créatif ou encore du quartier artistique ont pu incarner telles ou telles politiques culturelle, industrielle ou d’aménagement urbain, épuisent-elles l’analyse des multiples encastrements qui articulent une offre culturelle et artistique située et les territoires au sein desquels elle se développe ? Au-delà des seuls effets d’agglomération, l’empreinte sociale,la vitalité culturelle, les ambiances urbaines, ne constituent-elles pas autant de “débordements” symptomatiques et pourtant peu explorés des croisements entre dynamiques urbaines et culturelles ? Au-delà de la performance, la “fabrique sensible de la ville”?Ces trente dernières années, la métropolisation des territoires urbanisés s’est accompagnée d’une quête de performance territoriale – attestée par des labels, des politiques de croissance, des classements multiples que la littérature académique a largement pu relayer (débats sur l’attraction des classes créatives et l’attractivité des villes, touristification et événementialisation des espaces urbains, néolibéralisation des politiques urbaines, etc.) – au risque d’oublier la dimension sensible de la fabrique urbaine. Ces dynamiques d’accélération éclipsent autant qu’elles étouffent les fortes résonances pourtant à l’œuvre entre les activités culturelles et créatives, les artistes et ceux qui habitent les territoires. Quels rôles jouent les activités de création dans l’expérience sensible des espaces urbains ? A l’inverse, comment la vie sociale d’un quartier, sa configuration urbaine et son atmosphère affectent les modes de production et de consommation artistiques et plus globalement les processus créatifs ? Au-delà du storytelling, “l’authenticité urbaine” ?A bien des égards, la fabrique de la ville créative s’est accompagnée d’une intense activité de storytelling, émanant aussi bien des acteurs impliqués dans des communautés artistiques locales que des pouvoirs publics, en vue de favoriser tant l’adhésion de la population que celle des acteurs du projet urbain. Parallèlement, il s’agissait également de produire un récit de ville, un discours médiatique attractif pour l’extérieur – pour les touristes, les classes créatives, les entreprises et autres médias – au risque parfois de ne véhiculer que des représentations stéréotypées des territoires. Au-delà de leurs portées narratives, en quoi ces fictions s’écartent-elles de ce que certains nommeraient “l’authenticité” des territoires concernés ? Comment jouent-elles un rôle performatif tel que le territoire s’adapte au récit ? Comment se positionnent les communautés artistiques dans la construction de ces récits ? Comment la patrimonialisation de la présence artistique et/ou l’esthétisation de l’espace public, altère ou galvanise la tonalité des lieux ? Enfin, peut-on mettre en évidence des cycles de vie de scènes artistiques et évaluer leur impact sur la mise en récit des territoires ?
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